Arrivée à Budapest après 24 heures de voyage
Thérèse Hoffmann a pu rejoindre en train la famille du prince Auersperg et découvre, ravie, la ville de Budapest. (Ici une vue de la ville en 1940. Tous droits réservés.)
Enfin voilà notre train avec ½ heure de retard. Un charmant petit porteur hongrois nous range nos affaires, et, malgré les puces qui me piquent partout, je dors comme un loir jusqu’à 5h½ du matin… et je découvre la Hongrie ! comme c’est beau et reposant ! Le soleil se lève comme une boule rouge au fond d’un immense plateau tout embrumé. Où que l’on regarde, c’est absolument plat et tranquille. De loin en loin, un arbre, des buissons, des taillis. Des champs immenses s’étendent sous un ciel absolument pur. On oublie que les montagnes existent, on a plutôt l’impression que la terre est une longue bande plate qui ne finit pas ; on laisse errer son imagination tout là-bas, là-bas, au bout du monde, où le soleil se lève très vite. Pour le moment tout est silencieux ; on n’entend que le roulement du train qui file ; mais bientôt, des Hongrois entrent et prennent place ; ils bavardent, mais ils ne m’ennuient pas ; leur langage est comme leur pays : doux, calme, reposant et mélodieux ; j’aime cette musique.
A 7h½, nous arrivons à Budapest, (plus de 24h de voyage) éreintées, sales et affamées. Un taxi nous conduit à l’hôtel St Gellért où la famille loge. La Princesse est à Vienne où elle est allée chercher Mlle Tony, Mr Storm et Aglaé. L’accueil qu’on nous a réservé est des plus chaleureux ! Le Prince ne cesse de me répéter à quel point il est heureux que je sois arrivée, lui qui avait promis à mes parents de m’emmener partout avec lui ! Ils ont été très inquiets et il a tout mis en branle pour que l’on m’avertisse. Tout est bien qui finit bien… et je suis à Budapest ! Quelle chance !
C’est merveilleux ! On me fait monter sur le St Gellért Berg qui se trouve à côté de l’hôtel, d’où on a une vue splendide sur tout Budapest et le Danube.
St Gellért est un évêque que les païens ont enfermé dans un cercueil plein de clous et qu’ils ont précipité ainsi dans le Danube du sommet de cette montagne. Dans la montagne se trouve une grotte profonde dans laquelle on a installé une chapelle et plusieurs autels. Il y fait très sombre et l’on ne distingue quelque chose que grâce à la lumière des nombreux cierges ; c’est très beau.