Dimanche 10 octobre et lundi 11 octobre 1886 : Strasbourg

Plan de Strasbourg dans le guide Baedecker Bords du Rhin (édition de 1891)

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Dimanche 10 octobre : découverte de Strasbourg

Au début de son compte rendu du 10 octobre et des jours suivants, Daniel note qu’il a rédigé son récit de voyage à Berlin, à partir du 30 octobre.

À Strasbourg, il rencontre un étudiant en théologie, Reichardt, en compagnie duquel il visite la cathédrale et assiste, à midi, au spectacle insolite qu’offre, à chaque heure, l’horloge astronomique installée à l’intérieur du sanctuaire. Puis tous deux retournent au triple galop à la Maison-mère des diaconesses, les 500 marches pour parvenir au sommet de la tour de la cathédrale leur ayant descendu l’estomac dans les talons.

L’après-midi, Daniel poursuit sa visite de la ville, mais cette fois-ci en compagnie de sa chère Lily qui veut lui faire découvrir le tout nouveau Palais universitaire construit en style néo-Renaissance entre 1879 et 1884 et inauguré, cette année-là, par l’empereur Guillaume Ier. Situé au milieu du campus, il se veut le centre de rayonnement de la culture allemande. Puis Lily emmène son frère au Jardin botanique tout proche.

De retour à la Maison-mère, vers 17 h, sous la pluie, Daniel, tout protestant qu’il est, désire aller écouter l’office des vêpres chanté par les sœurs catholiques, les sœurs de Marie Réparatrice dont le couvent est tout proche. Il avait appris qu’elles chantaient fort bien (1). Mais Lily a d’autres projets. Elle lui fait rencontrer plusieurs membres de la petite colonie suisse de Strasbourg qui leur offrent un copieux goûter.

Lundi 11 octobre : deuxième jour à Strasbourg

Daniel pensait ne s’arrêter qu’un jour à Strasbourg, mais il ne peut résister aux petits soins maternels de sa sœur et à l’accueil chaleureux de ses consœurs qui l’incitent à passer une nuit supplémentaire dans leur maison. La cathédrale de Strasbourg l’a tellement impressionné qu’il tient à la visiter une nouvelle fois. L’après-midi, Lily emmène son frère à Kehl, petite ville voisine, visiter une curiosité : un pont de bateaux sur le Rhin, composé de barques alignées sur lesquelles des planches font office de tablier. Jusque dans les années 1880, avant le développement foudroyant du train et de l’automobile, le Rhin, de son aval à son amont, n’était enjambé que par de rares ponts en pierre ou en bois. Par contre, de nombreux ponts de bateaux et une multitude de bacs le traversaient. Pour se rendre dans cette petite bourgade, « quartier allemand » de l’agglomération strasbourgeoise, Lily et Daniel prennent un tram à vapeur.

Mais hélas ! sonne l’heure de la séparation. De la fenêtre de son wagon, Daniel, le cœur lourd, voit s’estomper peu à peu Lily et sœur Catherine qui l’ont accompagné à la gare.

À Kehl, Daniel change de train pour prendre celui de Karlsruhe. Il débourse 3.40 marks pour ce trajet.

 

(1) Les sœurs de cet institut fondé en 1857 à Strasbourg, accordent une grande place à l’adoration du Saint-Sacrement, offrant, en union avec la Vierge Marie, leur vie en réparation pour les offenses faites au Christ. Elles s’engagent de même très fortement dans des activités missionnaires.