Samedi 16, dimanche 17 et lundi 18 avril 1887 : Regensburg

Vue actuelle de Ratisbonne (tous droits réservés)

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Samedi 16 avril : en route pour Regensburg

Le train traverse les forêts de la Bohème, arrive à la douane et entre en Bavière. Le paysage qui défile devant ses yeux rappelle à Daniel le marais de Lignères. À Schwandorf, il change de train pour Regensburg (Ratisbonne). Il est loin le temps où Daniel craignait qu’on lui adressât la parole en allemand, tant il maîtrisait mal cette langue. Son semestre à Berlin lui a permis de faire d’immenses progrès qui lui permettent maintenant d’engager lui-même une conversation. Mais dans ce train, impossible d’échanger quelques mots ; il voyage en compagnie de gens qui parlent bohémien, langue à laquelle il ne comprend rien.


Dimanche 17 avril : Regensburg où Daniel se croit transporté au temps des Croisades

Ce dimanche matin, Daniel débute sa visite de la ville par le dôme. Commencé en 1273, achevé vers 1525, il ne fut couronné de deux flèches, hautes de 70 m. qu’entre 1859 et 1869. Mais une fois de plus, une messe est célébrée au moment où Daniel y entre. Décidément, la liturgie catholique reste en travers de la gorge de Daniel. Il ne parvient ni à en saisir toute la symbolique ni à penser qu’il y a plusieurs manières de rendre un culte à Dieu. Il ressort donc et attend l’« Ite, missa est » (Allez, la messe est dite) du prêtre pour visiter en paix cette cathédrale longue de 86 mètres et large de 35, et dont la voûte s’élève à 32 mètres.

Puis il se rend au Rathaus qu’il visite sous la conduite de la concierge. Cet ancien hôtel de ville, construit en partie au XIIIe siècle, fut le siège de la Diète d’Empire de 1594 à 1806. Aujourd’hui, il sert avant tout à la célébration des mariages ! Autre endroit qui l’intéresse : les cachots et la salle des tortures. Daniel remonte de ce monde épouvantable des Enfers et va quêter un peu de sérénité à la Schottenkirche St-Jacob, où il y trouve une cohorte de nonnes en train de prier très dévotement. La quantité de nonnes aux cornettes et aux habits tous différents les uns des autres qu’il rencontre ensuite à la cathédrale, le laisse stupéfait.

Insatiable, Daniel décide de se rendre encore dans un autre lieu de pèlerinage, le Walhalla, séjour des héros dans la mythologie germanique. Une balade à pied de trois heures. En route, il rencontre un paysan qui veut bien lui servir de guide. La visite de ce monument l’impressionne. Situé sur une hauteur, le Walhalla est un temple néo-dorique, édifié entre 1830 et 1842, par l’architecte Leo von Klenze à la demande du roi Louis Ier de Bavière qui désirait mettre en valeur un certain nombre de personnalités ayant contribué au rayonnement de la civilisation allemande. Aujourd’hui, on peut y voir 129 bustes. Au nombre de ces personnalités, trois Suisses : Hans von Hallwyl (1433/34-1504), héros des batailles de Granson et de Morat en 1476 où les Confédérés défirent Charles le Téméraire, Nicolas de Flüe (1417-1487), notre ermite et protecteur national, et l’historien Johannes von Müller (1752-1809).

Après avoir passé une seconde journée à Regensburg, Daniel se rend à Nuremberg.