Les cloches nous ont annoncé la fin de la guerre...

Extraits du livre de raison de Léa Currit, paysanne sur la Montagne-de-Travers.

Lundi 11 novembre.
Beau temps. Les hommes ont fait deux voyages de billons à la gare, et chargé un wagon. Nous avons raccommodé quelques bas. J’ai fait la lavée. Les enfants ont étendu des taupinières. L’oncle Jean a passé pour dire bonjour, et nous avons visité ensemble le rucher. A une heure après-midi, les cloches nous ont annoncé la fin de la guerre ; on a de la peine de croire que c’est vrai, tant cette guerre a duré, et a fait souffrir. Toute la population a manifesté, avec cortège et musique batterie de tambour, et drapeaux déployés. Le soir, Georges est redescendu pour jouir de la fête.

Mardi 12 novembre.
Même temps, mais la bise est froide. Les hommes ont fait deux voyages à la gare mais n’ont pas pu commander de wagon, car les trains ne marchent plus. Ces socialistes manifestent, par des grèves générales, et corrompent les cheminots pour empêcher les trains de mener les soldats mobilisés pour maintenir l’ordre, aussi les automobiles circulent nombreuses pour remplacer les trains, c’est un véritable chaos par la mauvaise volonté et la méchanceté des hommes.