Les événements de septembre 1856 et leurs suites

Le témoignage de deux Chaux-de-Fonnières « ordinaires »

Les événements de septembre 1856 et leurs suites

Le fonds Frédéric Jeanneret-Grosjean contient, entre autres, les lettres que deux sœurs de La Chaux-de-Fonds ont adressées à leur frère Charles Roulet, alors que celui-ci avait émigré aux Etats-Unis (il y réside du printemps 1856 au printemps 1860). Adèle Gerster-Roulet, épouse d’un maréchal-ferrant, et Marie Roulet, institutrice, donnent des nouvelles de la famille, des uns et des autres, tout en morigénant leur jeune frère, qui ne parvient pas à trouver une place stable comme horloger et peine à gagner sa vie en Amérique.

Au détour de trois de ces lettres, Adèle et Marie Roulet racontent la manière dont elles ont vécu les événements de septembre 1856 et la situation tendue de l’hiver 1856-1857, quand on craignait une guerre entre la Prusse et la Suisse.

Le 3 septembre 1856, un groupe de royalistes armés occupe le Château de Neuchâtel, siège du Conseil d’Etat (qui est fait prisonnier), ainsi que l’Hôtel-de-Ville du Locle. Le lendemain, les troupes républicaines reprennent le contrôle de la situation. Le commissaire fédéral Duplan-Veillon est chargé par la Confédération de rétablir l’ordre républicain. 667 royalistes ont été faits prisonniers, dont la plupart seront rapidement libérés. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, qui n’a pas renoncé à son titre de prince de Neuchâtel, exige la libération immédiate de tous les prisonniers, interpellant à ce propos les grandes puissances européennes. Napoléon III l’appuie le 30 septembre 1856 : la libération des prisonniers est un préalable à la négociation avec le roi de Prusse. Or, le lendemain, le Conseil fédéral prend les premières mesures de défense militaire. La Prusse rompt ses relations diplomatiques avec la Suisse le 16 décembre. Un premier contingent fédéral de 15'000 hommes est mobilisé à la Noël, le général Dufour est nommé à la tête des troupes, la frontière du Rhin est fortifiée et un vaste élan patriotique prend forme. Le chant Roulez tambours, composé à cette occasion par Henri-Frédéric Amiel, en témoigne : « Roulez tambours ! Pour couvrir la frontière, aux bords du Rhin, guidez-nous au combat ! » Les premiers jours de janvier 1857 sont cruciaux et la guerre paraît proche, comme en témoignent les lettres d’Adèle et de Marie Roulet à leur frère. Finalement Napoléon III s’entremet comme médiateur et le Conseil fédéral accepte le 16 janvier 1857 de relâcher les derniers prisonniers (ils sont alors au nombre de 28) en échange de la promesse du roi de Prusse de renoncer à ses droits sur Neuchâtel. Le tout sera formalisé par un traité signé le 26 mars 1857.

Les témoignages ne manquent pas sur la tentative manquée de reprise du pouvoir par les royalistes neuchâtelois les 2, 3 et 4 septembre 1856, ainsi que sur les répercussions européennes de « l’affaire de Neuchâtel ». En voici donc un nouvel exemple inédit.

L’image illustre la reprise de la Ville du Locle par les républicains neuchâtelois. Le drapeau suisse flotte sur l’Hôtel-de-Ville alors que le drapeau royaliste est déchiré dans la rue. (Reproduit dans Kreis (G.), 1986. Le siècle où la Suisse bougea. Un nouveau regard sur le XIXe. Lausanne : Editions 24 heures, p. 119.)

Table des matières

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