Un voyage à Stuttgart en 1859

Adèle Lambelet, Relation de voyage dédiée à mon cher Papa, le 1er janvier 1860

Un voyage à Stuttgart en 1859

Cécile Adèle Lambelet (1846-1923) est issue d’une vieille famille des Verrières où elle a passé son enfance avant de venir à Neuchâtel. C’est la fille de Frédéric (dit Fritz) Lambelet (1817-1876) et d’Adèle Rosselet (1817-1849), qui se sont mariés le 29 avril 1841. Elle épousera en 1881 Gustave-Adolphe Rychner (1844-1901), jeune veuf alors sans enfants. Le couple aura trois fils : Hans-Fritz Adolphe Rychner (1882-1949), ingénieur et entrepreneur, Gustave-Adolphe fils et Fritz-Alfred.

Au moment où Adèle Lambelet rédige son récit de voyage, elle a treize ans et demi (elle est née le 30 mai 1846). Elle entreprend ce voyage en compagnie de son père, et très probablement avec trois de ses sœurs : Marie Joséphine (1844-1899), Berthe (1848-1913) et Louise Marceline (1849-1914). A Stuttgart, la famille retrouve l’aînée de la fratrie : Mathilde (1842-1916), qui a alors dix-sept ans et a sans doute été envoyée une année en Allemagne pour apprendre la langue (et la tenue d’un ménage), comme c’était courant à l’époque dans les familles neuchâteloises aisées. Les filles semblent être en pension à Bienne. Leur mère est en effet décédée en 1849 (peut-être en couches).

Le père de ces cinq demoiselles est un homme important. Frédéric (dit Fritz) Lambelet est directeur de la maison de denrées coloniales fondée par son père Louis-Frédéric Lambelet. Il commence une carrière politique au lendemain du 1er mars 1848, présidant le comité républicain des Verrières, puis le comité provisoire de justice et police lors de la révolution. Député à la Constituante, au Grand Conseil (jusqu’en 1853), il est aussi conseiller national radical (1848-1854, 1855-1857). Il se manifeste comme l’un des principaux promoteurs de la ligne de chemin de fer du Franco-Suisse (inaugurée en 1860), qui passe par Les Verrières, et en devient codirecteur.

La relation que rédige soigneusement la jeune Adèle, d’une calligraphie bien appliquée, sur neuf pages d’un petit cahier à la couverture illustrée, apparaît comme un touchant devoir d’école. Destiné à faire plaisir au père, le texte multiplie les notations positives : tout y est « très beau », les paysages sont « magnifiques » et, à part les adieux à la sœur aînée (« un moment bien terrible »), l’ambiance est à la joie et à la reconnaissance. Comme la plupart des récits de voyage, celui-ci suit le déroulement du temps et insiste sur les paysages traversés. Il donne à voir (mais finalement de manière assez abstraite tant la description est factuelle et le choix des adjectifs convenu) un monde qui n’a rien d’étranger. Il atteste qu’à l’époque déjà le tourisme de la bourgeoisie était fait de visites de sites, de jardins, de châteaux, de musées, de fréquentation de manifestations traditionnelles ou de spectacles… et de moments de partage avec ceux que l’on connaît.


L’orthographe du texte (tiré du fonds Rychner : CH NE AVO RYC/3) a été corrigée, mais la ponctuation est respectée.

Table des matières

"Notre joie était au comble en quittant la pension avec notre cher papa.."

Aux environs de la ville

Un musée qui ne vaut pas celui de Neuchâtel...

Retour en Suisse

Un séjour à Neuchâtel après celui de Stuttgart