On les ramassait à la poignée...

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En vacances avec son oncle et sa tante à l'Hôtel du Glacier de Tourtemagne, à Meiden (Valais), un jeune Neuchâtelois (dont nous avons respecté le style, l'orthographe et la ponctuation) écrit successivement à ses parents et à sa soeur en leur donnant force détails quant aux repas à l'hôtel (l'air de la montagne lui donne de l'appétit), aux excursions et aux découvertes qu'il fait. Les lettres ne sont pas datées mais elles ont probablement été écrites peu avant 1900, leur auteur étant né en 1883. 

Extraits:

Samedi

Chère Maman, 

Dans ce gros paquet que nous t'adressons nous t'envoyons des fleurs, et principalement des edelweiss que nous avons trouvés à la Forteletta de la vallée de Tourtemagne à la vallée d'Anivier. Le mauvais temps du commencement de la semaine a changé en une temps splendide et de 0 degré ou était le termomètre dans la nuit de mercredi à jeudi est monté à 15 ou 16 degrés chaleur habituelle, on transpire cependant dès que l'on marche tant soit peu, on se vêt légèrement, Aujourd'hui nous nous reposons de notre course à la Forteletta car le tour de cadran a prêsque été la durée de notre expédition. Si tu le veux, je te raconterai notre course. (Suit le récit très détaillé de la course)

(...) De tous ces endroits où nous nous arrêtons, oncle Paul (il s'agit très probablement de Paul Godet (1836-1911), professeur d'histoire naturelle au Gymnase de Neuchâtel et frère du conservateur Alfred Godet) dessine et a ainsi une charmante collection de vues. Après une petite halte nous continuons notre chemin qui va en montant et en descendant sur une petite distance mais bientôt notre montée commence, le chemin est très rapide et rocailleux à tout moment il est changé en ruisseau. Oncle Paul accablé par la chaleur propose de prendre q.q.ch. et Mme Le GrandRoi et lui prennent une absinthe pendant le temps ces dames cherchent des fleurs, tout à coup le mot "Edelweiss" retentit. Aussitôt nous montons une pente très raide et nous nous trouvons dans un champ d'Edelweiss, on les ramassaient à la poignée; après avoir rempli chacun un mouchoir nous continuons notre route. Le chemin est de plus en plus mauvais et devient plus rapide et rocailleux les renoncules glaciale, les androsaces helvetica avec leurs petites touffes rose, les tapis de silène acoulis, les saxifrages opositifola forment de petites touffes et abondent en ces lieux; après une montée nous traversons une petite tache de neige et un bout de chemin rapide termine notre grimpée; nous sommes au somment de la Forteletta. De là c'est surtout du côté de l'ouest que s'étend la vue à gauche nous voyons la Dent Blanche puis le Grand Combin, et plus loin les Diablerets, la vue s'étend encore sur d'autres montagnes difficile à déterminer sur la carte, bref c'est très beau. 

La description de la descente est aussi détaillée que celle la montée.

(...) C'est ainsi que nous avons passé une belle journée quoique assez chaude sauf au somment du col. Adieu chère Maman, toutes mes salutations é tous ceux que vous voyez, à Cécile, Elna, Caroline, et reçois un gros baiser rafraîchissant de ton fils. Charles

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