1916-1917 : le destin tragique de Richard Béguin

Un jeune instituteur de Rochefort émigré au Canada s'engage dans les troupes alliées en 1916. Il ne reviendra pas vivant de la guerre.

1916-1917 : le destin tragique de Richard Béguin

La Suisse sera protégée de l’horreur des combats. Mais sur les 12'000 Suisses engagés à l’extérieur, 8'000 périront. Frédéric Sauser (Blaise Cendrars) y perdre une main, Richard Béguin y laissera sa vie. Ce jeune instituteur de Rochefort, que le manque d’emploi avait contraint à émigrer au Canada en 1910, avait en effet décidé de s’engager dans les troupes canadiennes en 1916.

Richard Alfred Béguin est né le 2 mai 1889, fils d’Henri Alexandre Béguin, instituteur à Rochefort, et d’Aldine Béguin, née Bertrand, de Rochefort ; il est le sixième d’une famille de quatorze enfants. Après des études primaires et secondaires régulières, une formation à l’Ecole Normale de 1905 à 1908, il obtient son brevet d’enseignement pour les écoles primaires du canton de Neuchâtel le 24 avril 1908. Deux ans plus tard, il part pour le Canada.

En août 1914, la guerre éclate entraînant le monde et Richard dans une vaste tourmente. Quand la Grande-Bretagne entre en guerre en août 1914, tout l’Empire britannique suit automatiquement. Le Canada en est un dominion autonome, mais il n’a pas la maîtrise de ses propres affaires étrangères. Juridiquement, le pays est en guerre dès que la Grande-Bretagne l’est. 

Dès après son engagement dans l'armée canadienne, Richard Béguin part pour l'Angleterre d’où il écrit à ses parents le 5 juillet 1916. Il leur annonce qu’il a quitté le Canada avec le 56ème bataillon de Calgary. Il est désormais incorporé dans le 50ème bataillon canadien et est basé à Bramshott Hants . Il se porte bien et demande à ses parents de ne pas se faire de souci pour lui. Comment et pourquoi s’est-il ainsi engagé ? Il ne donne aucun détail à ce sujet.

C’est au cours du mois d’août 1916 que Richard Béguin est transféré sur le continent. Il l’annonce à ses parents le 2 septembre par une carte postale sur laquelle deux sceaux de censure ont été apposés, en leur donnant sa nouvelle adresse. A son arrivée en France, Richard a très vite été engagé dans les tranchées. « J’ai obtenu mon poste d’interprète aussitôt que nous sommes arrivés en France, mais il n’y avait rien à faire, c’était trop ennuyeux vraiment de sorte que j’ai obtenu permission d’accompagner mes camarades dans les tranchées. Nous avons visité la Flandre belge et la Somme ; la plupart de mes camarades sont morts ou blessés, de sorte que maintenant je n’ai plus bien envie de retourner dans les tranchées et je reprendrai ma place d’interprète ; à moins que je n’obtienne quelque chose de mieux pourquoi j’ai été recommandé. »

Après avoir été hospitalisé à Glasgow pour une blessure sérieuse, et une convalescence passée en Angleterre, Richard Béguin retourne sur le front et, le 24 octobre 1917, il est tué durant la Bataille de Passchendaele par un éclat d’obus à Ypres en Belgique. Il avait 28 ans.

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Du Canada au front français

Hospitalisé pour rhumatisme ?

Une fin tragique