J’avoue que j’aurais aimé vivre loin de ce bruit…

Découverte de Londres

Image : le palais de Buckingham en 1854 (tous droits réservés).

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Londres se distingue par l’arrangement, l’ordre, la propreté, mais non par la beauté ; il y a de fort belles choses, mais elles ne sont pas mises en relief. Ce qui m’a le plus frappé en entrant dans cette capitale, et cette première impression est toujours allée en se renforçant, c’est la grandeur même de la ville, sa population, le mouvement de ses rues, la quantité de magasins et de marchandises de toute espèce qu’elle renferme. L’activité qui règne dans cette métropole du commerce du monde, lui donne un air grave qui n’attire pas la sympathie du voyageur oisif et curieux. Les églises et la plupart des édifices publics sont d’un style gothique qui ne se distingue pas par l’élévation ; plus tard, j’ai vu des édifices fort beaux comme St-Paul, la Bourse, le palais de Buckingham ; je ne me suis pas expliqué pourquoi, ils ne paraissent pas ce qu’ils sont à la première vue, mais seulement après un peu de réflexion. La sensation la plus forte que l’on éprouve dans cette ville justement célèbre, quand on la visite en détails, est celle de l’étonnement produit par la grandeur de ses proportions à elle-même et de ses établissements. Tout ce qui se rapporte à la navigation, au commerce et à la fabrication est ici monté sur une échelle colossale, dont on a peine à se former une idée quand on ne l’a pas vu de ses yeux. La circulation des voitures dans les places et dans les rues ainsi que le mouvement le long des trottoirs, des piétons affairés, ne peuvent être comparés qu’aux flots d’une mer agitée. J’avoue que j’aurais aimé vivre loin de ce bruit, quitte à y rentrer quelquefois, mais ce n’est pas là ce qu’entendaient mon gendre et ma fille. Ils voulaient que je profitasse de mon séjour à Londres pour voir tout ce que cette ville offre de remarquable ; ils savaient bien disaient-ils que je serais un peu étourdi et fatigué, mais ils pensaient d’un autre côté que je ferais provision de souvenirs agréables et de sujets de méditation. J’eus beau me défendre, il fallut céder. En conséquence, nos courses commencèrent dès le lendemain, c’était le mardi 17 juin.

Je visitai ce jour-là la cité, lieu de bruit et d’affaires où se trouve le palais du lord-maire, et la Tour de Londres où je vis entre autres une série de figures équestres, rois et reines du moyen-âge et les joyaux de la couronne.

Mercredi : Bazar à Chelsea tenu par les dames de Londres, en faveur d’un hôpital. Musique militaire exécutée par 350 musiciens.

Jeudi : Théâtre de Drury-Lane ; deux drames larmoyants et comiques.

Vendredi : Promenade sur la Tamise à Richmond et au-delà. Maisons de campagne tout le long du fleuve et sur les charmantes hauteurs qui s’étendent au-delà de la petite ville : parc de Richmond peuplé de troupeaux de daims et d’arbres magnifiques.

Samedi : Palais de Buckingham, garde de la reine, abbaye de Westminster avec ses monuments, diorama de la Palestine, belle rue de Regents’Street, gand bazar, cours.

Dimanche : Assisté au service divin dans une chapelle épiscopale ; prédicateur : Mr. Gourier, Français.